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Des
longueurs
et du mètre

Nota : Dans cette partie sont traités le plus
en détail les éléments historiques qui ont permis
de passer des unités de l'Ancien Régime à celles
du Système Métrique. Pour les mesures de Poids-Masse et
de Temps, on n'a rappelé que les étapes plus spécifiques
de ces unités.

1-
En guise de préambule
De tous temps, pour mesurer les grandeurs, l'homme a pris comme références
ses membres, ses possibilités, ses éléments de vie
immédiats :
- "la main de l'Homme contient toutes les données arbitraires
de la Création et du Cosmos" ;
- pour les longueurs : le pouce, l'empan (largeur de la main écartée),
la coudée, la brasse, etc. ; l'ouvrée (longueur de vigne
travaillée en une journée) ;
- pour les distances : la journée (distance routière parcourue
par un homme en une journée) ;
- pour les superficies : les mesures de longueur prises au carré
et aussi : homme-journal (superficie travaillée par un homme en
une journée) ;
- pour les poids, car la masse fut très longtemps une grandeur
inconnue : le grain (poids d'un grain de blé), la livre (ration
journalière de pain), le picotin (ration journalière d'avoine
pour un cheval) ;
- Et l'on pourrait encore multiplier les exemples.
Il est donc compréhensible que d'une région à une
autre la même unité puisse représenter des quantités
différentes, et les "étalons", sous un même
nom, pouvaient désigner des quantités selon les produits
mesurés. C'était le cas en particulier pour le mesurage
des liquides et des grains. De nombreux exemples seront donnés
plus loin.
Les échanges commerciaux étaient rendus encore plus difficiles
par plusieurs monnaies ayant cours, la Livre Tournois et la Livre Parisis,
de valeur différente et n'ayant pas chacune les mêmes subdivisions
!
On conçoit donc qu'au cours de l'Histoire des tentatives plus ou
moins fructueuses aient été lancées pour fixer la
valeur de quelques grandeurs de première nécessité
; le désir des usagers était grand d'y voir un peu plus
clair, et dans les cahiers de doléances présentés
par les Paroisses du Royaume de France en vue de préparer les Nouveaux
Etats Généraux (lettre de Louis XVI du 24 janvier 1789)
on pouvait lire : "Un seul poids, une seule mesure, une seule coutume"
(D4).
La bourrasque de la Révolution Française permit - non sans
mal - cette unification en France, puis dans le Monde, comme le montre
le bref rappel historique de ce cheminement tortueux vers le Mètre,
le Système Mètrique et le Système Unifié des
grandeurs.


2
- Avant le Mètre Révolutionnaire : une longue histoire
789 : Un capitulaire de Charlemagne tente déjà d'uniformiser
les unités, mais sa réforme avorte avec sa mort en 814.
840-877 : Charles II (le Chauve) : édit de Pitres en 864 ;
1314-1316 : Louis X (le Hutin) ;
1316-1322 : Philippe V (le Long) ;
De nouvelles tentatives sous le règne de ces différents
rois. Toutes plus ou moins vouées à l'échec.
1528 : Mesure du degré du méridien terrestre par Fernel
:
1° sous 49° de latitude = 56 750 toises (D1-A19).
Des tentatives antérieures de détermination avaient été
faites; déjà vers 210 av. J.C par Eratosthène au
moyen d'un décompte de pas et de l'ombre d'un bâton, qui
donnait une valeur du degré comprise entre
55 000 et 70 000 toises. Vers 850 après J.C, les Arabes la déterminaient
entre 57 000 et 63 700 toises.
1540-1545 : François Ier - Edit sur l'aunage : "n'utiliser
comme unité de longueur que l'Aune de Roy ou Aune de Paris et ayant
pour valeur 3 pieds, 7 pouces, 8 lignes de Pied de Roy" (D1-A6) -
Premier texte écrit faisant référence à l'Edit
de François Ier de 1540). En fait, l'aune est déjà
une unité dérivée des unités de base déjà
existantes (toise, pied, etc.) (D1-A7).
1557-1558 : Henri II reprend les recommandations de 1540.
1560-1576-1614 : Les Etats Généraux évoquent la nécessité
d'uniformiser les grandeurs de référence.
1617 : Mesure du degré du méridien terrestre par Snellius
:
1°11' sous 52° de latitude : 1° = 55 020 toises (D1-A19).
1625 : Blaeu refait la mesure à 52° de latitude : 1° =
57 050 toises (D1-A19).
1635 : Nouvelle mesure par Norwood 2°5' à 51° de latitude
: 1° = 57 300 toises (D1-A19).
1666 : Louis XIV rappelle la recommandation de 1540, toujours sans succès
(D1 p.11).
1667 : Jusqu'à cette date, une Toise étalon, qui aurait
daté de Charlemagne, était matérialisée sur
le mur du Châtelet. Au cours du premier tiers du XVIIème
siècle l'usure ou un affaissement du bâtiment la fit remplacer
en 1668 par ce qui devint la "Nouvelle Toise du Châtelet".
Elle était de 5 lignes plus courte que la précédente
afin de compenser les déformations subies. C'est à partir
de cette dernière que furent établies des copies en fer
ou en acier destinées aux travaux géodésiques ultérieurs
des astronomes, architectes, etc. Ce nouvel étalon fut détruit
en 1802 en même temps que le Grand Châtelet sur lequel il
était fixé (D1-A11).
1669 : Définition de l'Arpent de Paris à partir du Pied
de Roy.
1669-1670 : L'abbé Jean Picard mesure la longueur de l'arc terrestre
entre Paris (Malvoisine, près de la Ferté-Allais), et Amiens
(Sourdon), (D1-A20). Ceci en vue de déterminer la circonférence
de la terre (D1-A19). Il trouve pour 1°, 57 065 toises. Toutefois,
la Toise de Picard était de près de 1/10 000 plus courte
que la Toise conventionnelle du Châtelet qui aurait donné
57 060 toises.
1670 : Définition du Boisseau de Paris.
entre 1670 et 1675, l'abbé Picard, Huygens et Burattini proposent
comme étalon de longueur celle du pendule battant la seconde (0,994
m).
1672 : Jean Richer découvre que le pendule battant la seconde est
plus court de 3 mm à Cayenne qu'à Paris. La terre ne serait-elle
pas ronde ... ?
Ce n'est qu'un siècle plus tard que son aplatissement sera déterminé.
1676 : Découverte à l'Observatoire de Paris que la vitesse
de la lumière est finie.
1735 : Langlois réalise deux Toises étalon à partir
de la "Nouvelle Toise du Châtelet" (celle de 1668) :
- la première pour servir aux mesures d'un arc de méridien
au Pérou de 1735 à 1748, d'où son nom de Toise du
Pérou - ou de l'Equateur - ou de La Condamine qui participera à
l'expédition. Au retour de celle-ci, l'Académie décide
de refaire la mesure du degré de Picard et découvre une
différence due au problème de la conservation des étalons
;
- la seconde toise servit à une expédition en Suède,
d'où son nom de Toise du Nord, et dont elle revint endommagée
(D1-A33).
1739-1740 : Mesure du méridien de France par l'abbé Nicolas
Louis de La Caille, sous la direction de Cassini (D1-A53).
1742 : Définition de la Pinte de Paris (égale à 48
pouces cubiques).
1747 La Condamine propose d'adopter comme étalon prototype la "Toise
du Pérou" dite aussi "Toise de l'Académie".
1751-1754 : La mesure du méridien terrestre par La Caille dans
l'hémisphère austral lui fait pressentir que la terre n'est
pas uniformément sphérique (1°= 57 037 toises) ; (D1-A53
et D1-A19).
1758 : Dupuis suggère d'unifier les mesures de longueur et de poids
en adoptant le principe du pesage d'un volume d'eau mesuré en unités
de longueur.
1766 : Décret du 16 mai de Louis XV définissant la Toise
du Pérou - devenue Toise de France (D1-A3) - comme étalon
national en remplacement de la "Nouvelle Toise du Châtelet"
(D1-A31 et A32).
80 toises en fer sont alors construites par Trudaine de Marigny (?) et
envoyées aux différents Parlements de Province et à
l'étranger. (Sont également réalisés et distribués
des étalons de la livre poids de marc).Nota : En 1767, une "Toise
de France" a vraisemblablement été étalonnée
à partir de l'une de ces copies "à 13 degrés
du thermomètre". Il s'agit vraisemblablement d'un thermomètre
Réaumur gradué de 0 à 80 degrés (pour 0 à
100 degrés Celsius) d'où l'équivalence : 13 degrés
Réaumur = 16,25 degrés Celsius. Elle mentionne : "qu'elle
correspond à la longueur double du pendule qui bat la seconde à
l'Equateur, au niveau de la mer".
1775 : Turgot
propose comme nouvelle unité de longueur celle du pendule battant
la seconde (1/2 période) à 45° de latitude au niveau
de la mer. L'idée était déjà évoquée
vers 1660 par la Royal Society de Londres et avait été reprise
par Picard.
La formule donne l = 0,994 m pour g = 9,81 m.s-2
Cette proposition sera reprise plus tard (en 1791) mais abandonnée
du fait de la variabilité de l'accélération de la
pesanteur avec la latitude et l'altitude, mais surtout du fait que d'autres
pays revendiquaient cette unité à leur latitude !
1789 : Cahiers de doléances présentés pour la préparation
des Etats Généraux : "Une seule mesure pour tout le
Royaume, et que les grains de toutes espèces se mesurent dans la
même mesure [...] pour que le malheureux ne soit pas lésé".
1790, le 15 mars : Suppression des droits féodaux dont les droits
de péage.
1790, le 8 mai (D1-A58) : Décret de l'Assemblée Nationale
reprenant un projet de Talleyrand : Elle se donne six mois pour adopter
un système de mesures complet, et en accord, si possible, avec
le gouvernement anglais. Déjà l'étalon proposé
est la longueur du pendule battant la seconde à 45° de latitude
ou à toute autre latitude qui pourrait lui être proposée
(voir ci-dessus, les Etats-Unis proposent 38°).
L'Assemblée sanctionne ce décret par la loi du 22 août
1790. Les études devront être conduites par l'Académie
des Sciences. Une large information devra être faite dans toutes
les communes pour diffuser les nouvelles unités lorsqu'elles seront
déterminées (D1-A64).
1791, le 19 mars (D1-A59) : La Commission de l'Académie des Sciences
chargée d'appliquer la loi du 22 août 1790 rejette comme
unité la longueur du pendule battant la seconde et propose la dix-millionième
partie du quart du méridien terrestre et explore les moyens à
mettre en oeuvre pour une détermination précise de cette
unité. Le 26 mars, l'Assemblée Nationale retient cette proposition
et charge l'Académie des Sciences de cette mission.
Ce serait le mathématicien Auguste-Savinien Leblond qui, pour la
nouvelle unité, aurait proposé en 1790 le mot "Mètre",
du grec "metron" = mesure.
1792 (D1-A63) : Méchain entreprend la mesure du méridien
entre Rodez et Barcelone, mais retenu prisonnier en Espagne, il ne regagne
Paris qu'en 1795. Delambre est chargé de la détermination
de la partie nord jusqu'à Dunkerque.
1793, le 1er août (D1-A65) : Sans attendre le résultat des
mesures du méridien commencées l'année précédente,
la Convention décide de fixer provisoirement l'unité de
longueur d'après la détermination du méridien faite
en 1740 par La Caille.
Le Mètre est alors défini égal à 3 pieds,
11 lignes et 44 centièmes de la Toise du Pérou.
Cette valeur du Mètre sera abrogée par la loi du 19 Frimaire
An VIII (10 décembre 1799), voir ci-dessous.
Les multiples et sous-multiples décimaux sont adoptés, de
même que, à partir du mètre, les unités de
superficie, de volume et de poids. C'est ainsi que l'on détermine
le Cadil qui deviendra le Litre et le Grave qui deviendra le Kilogramme.
1793, le 8 août : Suppression de l'Académie des Sciences.
Les savants qu'elle avait nommés pour déterminer la longueur
du méridien n'en poursuivent pas moins leurs travaux.
1793, le 5 octobre : Décret instituant le Calendrier Républicain
: date initiale le 22 septembre 1792 pour le 1er Vendémiaire An
I.
18 Germinal An III (7 avril 1795) : La Convention ordonne la reprise des
travaux de détermination du Mètre après l'interruption
de ceux-ci fin 1794. Ils sont confiés à Delambre et Méchain
(D1-A66 et D1-A70).
L'étalon sera en platine. Les nouvelles mesures seront qualifiées
de "Républicaines".
Les mesures usuelles déterminées par les anciens décrets
continueront d'avoir cours car présentant peu d'écarts.
Sont promulguées les nouvelles unités : Mètre, Are,
Stère, Litre, Gramme, et leurs multiples et sous-multiples décimaux.
21 Prairial An III (9 juin 1795) : Réalisation par Lenoir du premier
Mètre étalon en application de la loi du 1er août
1793, et selon les calculs de Borda et Brisson : le quart de méridien
avait été déterminé égal à
5 129 070 toises (D1-A68).
15 Vendémiaire An VII (7 octobre 1798) : Une réunion de
plusieurs Commissaires français et étrangers adopte la valeur
du Mètre d'après les mesures de Delambre et Méchain
objet de leur rapport du 11 Floréal An VII (30 avril 1798) sur
la détermination de la grandeur de l'arc du méridien compris
entre les parallèles de Dunkerque et Barcelone (D1-A77). Le Mètre
vaut 3 pieds 11,296 lignes de la Toise du Pérou (ou Toise de l'Académie)
à 13 degrés du thermomètre de mercure (thermomètre
à 80 divisions de Réaumur soit 16,25 degrés Celsius
environ).
Le Mètre Républicain est donc plus court que le Mètre
provisoire de 0,144 ligne soit 0,3 mm environ.Cette réunion est
la première réunion internationale sur le Système
Métrique.
4 Messidor An VII (22 juin 1799) : Présentation au Conseil des
Cinq Cents et au Conseil des Anciens du Mètre en acier construit
par Lenoir (D1-A82), et conforme à la loi du 18 Germinal An III
(7 avril 1795), et dépôt de celui-ci aux Archives de la République
(Conservatoire National des Arts et Métiers). Ce même jour
est également présenté l'étalon de poids,
le Kilogramme, réalisé par Fortin.
19 Frimaire An VIII (10 décembre 1799) (D1-A81) : La loi fixait
définitivement la valeur du Mètre et du Kilogramme, ratifiant
les décrets de Germinal et Floréal An VII (avril et mai
1799), définissant le Mètre à 3 pieds, 11 lignes
et 296/1 000 de la Toise de l'Académie, et le Kilogramme à
18 827,15 grains du Marc moyen de la Pile de Charlemagne. Elle annulait
la fixation provisoire du 1er août 1793 et du 18 Germinal An III
(7 avril 1795).
Simultanément est défini le "Kilogramme des Archives"
comme étant le poids (masse ?) du décimètre cube
d'eau au maximum de sa densité, soit à 4 degrés Centigrade
(Celsius).Remarque : On passait ainsi d'un étalon naturel, la dix
millionième partie du quart du méridien terrestre compris
entre le pôle et l'équateur, donc d'une référence
universelle, à un étalon matériel.


3
- Les mesures de longueur sous l'Ancien Régime
3.1 - Mesures de longueur les plus courantes
Selon la définition du Mètre arrêtée
le 15 Vendémiaire An VII (soit le 7 octobre 1798), le quart du
méridien terrestre étant évalué à 5
130 740 toises et le Mètre à 3 pieds, 11 lignes, 296 / 1
000 de ligne, soit
443 296 lignes de la Toise du Pérou à la température
de 16 degrés 1/4 et la ligne égale à 2,2558 mm, on
peut en déduire :
1 toise = 6 pieds (ou pieds de roi), soit 1,949036 m ou env. 195 cm ;
1 pied = 12 pouces, soit 32,4839 cm ou env. 32,5 cm ;
1 pouce = 12 lignes, soit 2,7070 cm ou env. 2,71 cm ;
1 ligne = 12 points, soit 2,2558 mm ou env. 2,26 mm ;
1 point = 1/12 de ligne, soit 0,1880 mm ou env. 0,19 mm.
La toise était parfois appelée hexapède.
Le "Pied de Roy" ou "Pied de Paris" correspondait
à l'origine à la longueur d'un pied antique en bronze conservé
à la Bibliothèque Vaticane.
Dans certaines régions, le pied pouvait valoir 10 pouces et la
ligne 10 points.
Les autres mesures de longueur étaient nombreuses et variées.
Voir pour cela le chapitre B/ 3.3 ci-après.
3.2 - Mesures de distance
On trouvait :
Le pas d'environ 1 pied, 11 pouces ou 0,623 m ;
La lieue avec de très nombreuses définitions :
- Petite lieue de France : 1 900 toises (3 703 m) ;
- Lieue de Paris : jusqu'en 1674 : 1 666 toises (3 247 m selon QD) ; de
1674 à 1737 : 2 000 toises
(3 898 m selon QD ou 3 894 m selon LCH) ;
- Lieue des Ponts et Chaussées (à partir de 1737) : 2 000
toises (3 898 m selon QD ou 3 894 m selon LCH)
- Lieue des Postes (à partir de 1737) : selon les sources : 2 000
ou 2 200 toises.
Puis, après la détermination de la longueur d'un degré
de méridien terrestre, soit 10 000 / 90 = 111,111 km :
- Lieue de "25 au degré" appelée aussi Lieue Commune
de France ou Lieue de Terre, valant
2 280 toises ou 4 444 mètres.
- Lieue de "20 au degré" appelée aussi Grande
Lieue de France ou Lieue Marine ou encore Lieue d'une heure de chemin,
valant 2 850 toises ou 5 555 m.
On notera que le Mile Marin étant la longueur d'une minute d'arc
de méridien, soit 111 111 / 60 = 1 852 mètres, la Lieue
Marine vaut 3 Miles Marins.Remarque : Selon une carte de 1778, vue en
1991 à la Bibliothèque Nationale lors de l'exposition sur
les voyages de Mozart et les transports de son temps, la même longueur
d'échelle (soit 67 mm) correspondait à 30 petites lieues
de France de 1 900 toises, à 25 lieues communes de France, à
20 grandes lieues de France ou à 18 lieues de Gascogne, Provence
ou Dauphiné !
3.3
- Remarques sur les unités précédentes.
La ligne : Elle était considérée à l'origine
comme égale au diamètre d'un grain d'orge. Elle est (ou
était encore il y a peu de temps) utilisées en horlogerie
à Besançon.
- Une montre gousset fait 18 lignes soit env. 41 mm ;
- Une montre bracelet fait 12,5 à 13 lignes soit env. 29 mm ;
- Une montre de dame fait 5,25 lignes soit env. 12 mm.
L'empan : Longueur de la main, doigts écartés, variait d'un
lieu à un autre :
- 20,1 cm à partir de la Toise du Châtelet ;
- 22,5 cm selon un étalon de Vallouise ;
- 20 cm selon la quine (voir ci-dessous).
Il vaudrait 7 pouces, 8 lignes 44 centièmes soit 21 cm environ
selon une définition qu'il ne m'a pas été possible
de retrouver.
Le pied : Un étalon conservé au CNAM dit "Pied de Vaucanson"
construit en 1770-1780 comporte les trois mesures :
- Pied de Paris : 32,5 cm (pied de roi) ;
- Pied du Rhin : 33,3 cm ;
- Pied de Londres : 31,2 cm.
L'aune : C'était l'étalon utilisé par les drapiers
et destiné à mesurer étoffes et rubans. Elle avait
été définie par François Ier en 1540 (décret
sur l'aunage) avec pour valeur 3 pieds, 7 pouces, 8 lignes de l'Ancienne
Toise du Châtelet.
La nouvelle Toise construite en remplacement de cette dernière
endommagée, s'avéra plus courte de 4,2 lignes soit environ
9,5 mm ou 0,5 %, d'où la nouvelle valeur de l'aune selon cette
nouvelle Toise, devenue étalon officiel : 3 pieds, 7 pouces, 10
lignes, 10 points soit 118,8 cm.
Un étalon de 1554 désigné comme Aune de Paris et
conservé au CNAM (D1-A6), mesure cette longueur.
Toutefois, on trouve au XVIIIème siècle des aunes de longueurs
très variées :
- une aune de Paris de 1737, en bois mesurant 99 cm ! (D1-A10) ;
- une aune de Paris de 1751, en fer mesurant 130 cm ! (D1-A7) ;
- l'aune de Vallouise mesurait 125 cm ;
- l'aune de Lille, dite aune de Brabant ou des Flandres ou de Bruges mesure
69,3 cm. Elle est avec l'aune de Provins, mesurant 2,5 pieds soit environ
81,3 cm, une véritable mesure internationale (D1-A9).
- l'aune de Rouen faisait 52 pouces soit 141 cm, le double de l'aune de
Valenciennes mesurant 70,5 cm. (D4 p.34).La quine : Dans "Eglise
Romane et lieu d'énergie" et dans "L'Art des bâtisseurs
romans", on décrit un ensemble de cinq unités de longueur
(d'où le nom de "quine") utilisées par les Maîtres
d'oeuvre et réservées aux initiés. Chacune des unités
supérieures était liée à la précédente
par le Nombre d'Or ayant pour valeur 1,618 :
- la paume = longueur de la main = 34 lignes soit 7,64 cm ;
- la palme = les quatre doigts écartés = 55 lignes soit
12,36 cm ;
- l'empan = les cinq doigts écartés = 89 lignes soit 20,00
cm ;
- le pied = le Pied de Charlemagne = 144 lignes soit 32,36 cm ;
- la coudée = Coudée Royale = 233 lignes soit 52,36 cm ;
- la ligne correspondant aux valeurs citées est celle des initiés
et vaut 0,2247 cm.
La quine avec ses 5 unités était matérialisée
par la canne des Maîtres d'oeuvre constituée par la succession
de ces cinq unités, d'un total de 555 lignes ou 124,72 cm, soit
rigide, soit articulée, chaque segment représentant une
unité.
Il est toutefois bon de préciser que les Maîtres d'oeuvre
de l'Art Roman étaient plus préoccupés des proportions
entre les parties d'un monument que de leurs dimensions elles-mêmes.


4
- Mesures dérivées de celles de longueur de l'Ancien Régime
4.1 - Mesures de surface.
Elles s'exprimaient à partir des unités de longueur
de base :
- la toise carrée = 36 pieds carrés, soit env. 3,80 m2 ;
- le pied carré = 144 pouces carrés, soit env. 0,11 m2 ;
- le pouce carré = 144 lignes carrées, soit env. 0,73 cm2
;
- la ligne carrée = 144 points carrés, soit env. 0,51 mm2
4.2
- Mesures de superficie
Certaines mesures plus anciennes étaient très
mal déterminées selon les régions. Par exemple, la
superficie de terrain travaillée par un homme en une journée
pouvait s'appeler "un homme", ou "un journal", ou
"une ouvrée" pour une heure de travail. En Bourgogne,
en 1992, j'ai trouvé que "un journal" valait 8 ouvrées
de vigne (cette ouvrée était d'environ 4 a, 28 ca, soit
428 m2 ). En d'autres lieux, une "ouvrée" était
la longueur de vigne pouvant être travaillée par un homme
en une heure, cette longueur étant une fois et demie plus grande
en plaine qu'en coteau.
Cependant, les mesures les plus courantes partaient de définitions
plus strictes à partir d'une unité de longueur utilisée
uniquement à cette fin : la Perche. On trouvait :
- la Perche de Paris valant 18 pieds (ou 3 toises) ;
- la Perche de 20 pieds ;
- la Perche des Eaux et Forêts valant 22 pieds.
Une Perche carrée valait donc selon le cas :
- 324 pieds carrés (ou 9 toises carrées) soit env. 34,19
m2 ;
- 400 pieds carrés, soit env. 42,21 m2 ;
- 484 pieds carrés, soit env. 51,07 m2.
L'Arpent, très utilisé, valait 100 perches carrées
:
- L'Arpent de Paris valait 100 perches carrées de 18 pieds soit
env. 3 419 m2 ;
- L'Arpent Ordinaire valait 100 perches carrées de 20 pieds soit
env. 4 221 m2 ;
- L'Arpent Royal ou Arpent des Eaux et Forêts valait 100 perches
carrées de 22 pieds soit env. 5 107 m2
4.3
- Mesures de "solidité" (volume)
On trouve de même que pour les surfaces :
- la toise cubique, soit env. 7,40 m3 ;
- le pied cubique, soit env. 34,3 dm3 ;
- le pouce cubique, soit env. 19,8 cm3 ;
- la ligne cubique, soit env. 11,5 mm3 ;
C'est la "cubature" des unités de longueur.
Toutefois, pour déterminer des quantités de matières
très particulières, comme les liquides, les grains ou des
matières sèches, des unités de mesure très
diverses furent utilisées. Elles nécessitent un chapitre
spécifique.


5
- Mesures de l'Ancien Régime pour diverses matières
5.1 - Liquides
La Pinte : elle était de coutume très ancienne
et était l'unité de base pour mesurer les liquides et en
particulier vin, huile, eau de vie, etc.
La Pinte de Paris contenait 0,93 l.
Les volumes de ses multiples et sous multiples sont donnés ci-dessous,
bien que de nombreuses variantes existent d'une contrée à
l'autre.
En 1742, la Pinte est officiellement définie égale à
48 pouces cubiques, soit 0,95 l, avec la nouvelle valeur du Pied, d'où
les valeurs repérées (*) dans ce même énoncé.
- 1 Muid (c'est celui de Bourgogne) = 2 feuillettes ou 288 pintes = 268
l ou (*) 274 l ;
- 1 Feuillette = 2 quartauts ou 144 pintes = 134 l ou (*) 137 l ;
- 1 Quartaut (le quart du Muid) = 72 pintes = 67 l ou (*) 68,4 l ;
- 1 Velte = 8 pintes = 7,5 l ou (*) 7,6 l ;
- 1 Pinte = 2 chopines = 0,93 l ou (*) 0,95 l ;
- 1 Chopine (ou Setier ou Septier) = 2 demi-setiers = 0,47 l ou (*) 0,48
l ;
- 1 demi-Setier = 2 Possons (ou Poissons) = 0,23 l ou (*) 0,24 l ;
- 1 Posson = 4 roquilles = (*) 0,12 l ;
- 1 Roquille = (*) 0,03 l.
La Velte était aussi un instrument pour jauger les tonneaux.
En 1992, en Bourgogne, ainsi que dans mes différentes sources,
je trouvais citées d'autres unités anciennes
- La Pièce (Futaille ou Barrique selon les régions) valait
selon LCH : 274 l en Languedoc (1 muid correspondait à 675 bouteilles),
267 l en Auvergne, 255 l en Vouvray, 243 l dans le Cher, 228 l en Côte-d'Or,
Beaujolais, Beaune, Orléans, Gâtinais, Pouilly, 225 l à
Bordeaux et Châlon, 216 l en Saône-et-Loire, 213 l à
Mâcon, 205 l à l'Ermitage, 193 l à Reims, 183 l en
Champagne.
- La Feuillette valait 132 l en Chablis, et 114 l (soit une 1/2 pièce)
en Côte d'Or.
- La Barrique correspondait, pour le vin et selon les régions,
à 1/2, 1/3 ou 1/4 de muid... ou de pièce !
- Le Quartaut valait 106 l (une 1/2 pièce) à Mâcon,
102 l à Bordeaux (ou 112 l soit une 1/2 pièce ou une barrique
!), 91 l en Champagne, 57 l (une 1/2 feuillette ou 1/4 de muid) en Côte-d'Or.
D'après ces exemples, on constate que plus le pays a des caractéristiques
régionales propres (le vin en particulier), plus il y a de divergences
dans les unités employées.
En outre, comme on le verra ci-après, le nom de certaines des unités
ci-dessus était repris pour d'autres matières (matières
sèches en particulier), avec des capacités très différentes
et d'autres subdivisions !
5.2 - Matières sèches et grains
Ces mesures concernaient principalement le blé, l'orge,
le seigle et le méteil qui était le résultat de la
récolte de blé et de seigle mélangés aux semailles
:
- le Boisseau était l'unité de base. Réalisé
en bois, il avait été établi par Charlemagne pour
tout l'Empire. Le Boisseau de Paris fut défini en 1670. Ses multiples
et sous multiples étaient les suivants :
- le Muid = 12 setiers = 144 boisseaux soit env. 1 826 l ;
- le Setier = 2 mines = 12 boisseaux, soit env. 152 l ;
- la Mine = 2 minots = 6 boisseaux, soit env. 76 l ;
- le Minot = 3 boisseaux, soit env. 38 l ;
- le Boisseau = 16 litrons, soit env. 12,7 l ;
- le Litron = 1/16 boisseau, soit env. 0,8 l.
Selon LCH, le litron pour matières sèches (farine, pois,
haricots, fèves, châtaignes) correspondait à 36 pouces
cubiques, soit env. 0,71 l.
On utilisait aussi les sous-multiples 1/2, 1/4 et 1/8 du boisseau et du
litron.
Toujours selon LCH, le minot était aussi la superficie que l'on
pouvait ensemencer avec un minot de blé, ce qui correspondait à
environ 1/3 d'arpent.
Un boisseau de blé pesait environ 10 kg.
Le Setier correspondait à un nombre différent de boisseaux
selon les matières... ou pour les mêmes matières en
des lieux différents et parfois voisins comme le montre le tableau
suivant.
1 Setier équivaut à :
- 12 boisseaux de blé, orge, seigle, méteil à Paris,
- 24 boisseaux d'avoine à Paris,
- 18 boisseaux d'avoine à Meulan,
- 16 boisseaux de sel à Paris,
- 32 boisseaux de charbon de bois à Paris,
- 24 boisseaux de charbon de terre à Paris.
.
1 Muid équivaut à :
- 20 mines (ou sacs ou charges) de charbon de bois,
- 36 sacs de plâtre de 2,5 boisseaux (soit 90 boisseaux).
5.3 - Le sel :
Le CNAM possède un étalon de mesure utilisé
en Artois, correspondant à 7 livres 3 onces de sel blanc, soit
environ 4,3 l. Cette quantité correspondait à la quantité
de sel distribué par personne et par an en franchise de la gabelle,
soit environ 3,5 kg.
En fait, selon LCH, l'Artois était l'un des pays de "franc
salé" où le prix du sel était le moins cher
: 8 à 9 livres le quintal de 100 livres. On trouvait aussi les
pays de "Quart bouillon" où il était autorisé
d'évaporer l'eau de la mer (16 livres le quintal), les pays de
petite gabelle (32 livres le quintal) et les pays de grande gabelle (64
livres le quintal).
Selon QD, dans les pays de grande gabelle, dont l'Ile-de-France, chaque
foyer devait acheter pour 9 livres de sel par foyer. C'était "le
sel du devoir".
Selon une exposition sur le sel qui s'est tenue à la Maison de
la Nature de Rueil de juillet à octobre 1993, le minot de sel valait,
sous Louis XVI, 3 livres en Bretagne, 8 livres en Poitou, 15 livres en
Franche-Comté, 59 livres en Anjou et 61 livres en Berry, Bourgogne
et Champagne.Noter que certaines matières étaient mesurées
avec les récipients remplis soit à refus, soit à
ras, le "refus" constituant la marge du négociant pour
un même prix d'achat et de revente (D7-p.4, 1ère col) et
que certaines matières se vendaient aussi au poids mais seulement
à partir de 1750, pour des questions de confiance (D7-p.3, 3è
col.).
5.4 - Matériaux de chauffage
Pour le bois :
L'unité était la Corde (unité encore employée
dans les années 1940 en Berry). C'était la quantité
de bois déterminée par la longueur d'une corde entourant
les morceaux de bois coupés vraisemblablement à une longueur
donnée.
La Corde des Eaux et Forêts valait 2 voies ou env. 3,8 stères.
La Voie de bois ou Voie de Paris correspondait à une charretée
d'une demi-corde, soit 56 pieds cubiques, soit 1,92 stère.Pour
le charbon :
Selon LCH :
- 1 voie de charbon de bois = 1 sac de 200 l ;
- 1 voie de charbon de terre = quantité de 1 000 kg environ.
Selon LAR :
- 1 voie de charbon de bois = 1 sac de 100 l ;
- 1 voie de charbon de coke = 1,5 m3 de coke ou 1800 kg


6
- Les premiers pas du Mètre... et les suivants
6.1 - Un tableau de correspondance
provisoire
Entre le 1er août 1793 où la Convention fixait
provisoirement la valeur du Mètre à 3 pieds, 11 lignes et
44 centièmes de la Toise du Pérou (devenue Toise de l'Académie)
et le 10 décembre 1799 (19 Frimaire An VIII), où la valeur
définitive de 3 pieds, 11 lignes et 296 centièmes était
votée ainsi que la valeur du Kilogramme, de nombreux efforts de
vulgarisation du nouveau Système Métrique furent entrepris
et durent se poursuivre bien au delà.
Le CNAM présentait un tableau publié par l'Agence Temporaire
des Poids et Mesures, des nouvelles grandeurs en fonction des anciennes.
Cette Agence avait été créée le 18 Germinal
An III (7 avril 1795) et supprimée le 24 Pluviose An IV (13 janvier
1796) et donc ce tableau était basé sur la première
définition du Mètre :
Mesures linéaires :
- 1 m = 0,8417 aune,
- 1m = 0,51324 toise,
- 1 dm = 0,30795 pied,
- 1 cm = 0,3695 pouce,
- 1 mm = 0,4434 ligne.
Itinéraires :
- 1 miriamètre (1000 m) = 2,566 lieues de 2000 toises = 2,25 lieues
de 25 au degré.
Superficies :
- 1 m2 = 0,26342 toise carrée,
- 1 dm2 = 0,09483 pied carré,
- 1 cm2 = 0,1365 pouce carré,
- 1 mm2 = 0,1966 ligne carrée.
Mesures agraires :
- 1 are = 2,9265 perches carrées de 18 pieds = 1,9592 perche carrée
de 22 pieds.
Solidités (Volumes) :
- 1 m3 = 0,13520 toise cube,
- 1 dm3 = 0,02920 pied cube,
- 1 cm3 = 0,05056 pouce cube,
- 1 mm3 = 0,0872 ligne cube,
- 1 stère = 0,2607 corde,
- 1 m3 = 9,734 solive (unité non retrouvée dans LCH).
Capacités :
- 1 l = 1,0513 pinte = 1,2616 litron,
- 1 dal = 0,7885 boisseau (mat. sèches),
- 1 hl = 0,6570 setier (mat. sèches),
- 1 kl ( = 1 m3) = 0,5476 muid (mat. sèches),Ce même tableau
donnait les valeurs inverses des mesures ci-dessus ainsi que les correspondances
entre les unités de poids.
6.2 - Les anciennes mesures "Métriques"
Le 13 Brumaire an IX (4 novembre 1800), le gouvernement
décide
: "le système décimal des Poids et Mesures sera mis à exécution
pour toute la République à compter du 1er Vendémiaire
an X (23 septembre 1801)"... mais en autorisant l'usage des noms
anciens pour désigner les nouvelles Unités !
Le 12 février
1812, décret de Napoléon : "Constatant l'extrême
difficulté à faire entrer le Système Métrique
dans l'usage courant, il est créé des anciennes unités
métriques avec relation d'équivalence simple" (D1-A88)
:
- la toise métrique vaut 2 mètres et toujours 6 pieds,
-
le pied métrique vaut 1/3 de mètre,
- l'aune métrique
vaut 120 cm.
De même pour les mesures de poids : la livre métrique
vaut un kilogramme !
Il est toutefois décidé que seul le
Système Métrique sera enseigné dans les écoles.
Bien
entendu, ce décret ne fit que compliquer davantage la situation.
Le
4 juillet 1837, une loi abroge celle du 12 février 1812 et
décrète obligatoire le Système Métrique à partir
du 1er janvier 1840 en interdisant la double dénomination (D1-A89).
6.3 - Organisation de la métrologie et
premiers étalons
1840 : Création d'un corps de vérification des
Poids et Mesures pour éviter toute fraude (D1-A92).
1847 : Gambey livre un comparateur destiné à vérifier
les mètres à bouts et à traits, et à tracer
les mètres à traits (D1-A94).
1869 : Création de la Commission Internationale du Mètre
(D8).
1872 : La Commission Internationale des Poids et Mesures recommande la
réalisation d'étalons du Mètre, du Litre et du Kilogramme
(D1-A97 et A99). Les étalons français du Mètre et
du Kilogramme sont adoptés comme étalons internationaux.
1874 : Première fonte de l'alliage de platine iridié au
CNAM destiné à la réalisation des étalons.
L'alliage doit contenir entre 9% et 11% d'iridium. Les Mètres étalons
sont "à bouts".
1875 : Une analyse de cet alliage, faite un an après la coulée,
donna 11,1% d'iridium, ce qui fit rejeter la coulée. Une nouvelle
coulée fut exécutée en 1889 (D1-A97, D8, D5).
6.4
- Internationalisation du Mètre
1er mars 1875 : Convocation par le Gouvernement Français de la
Conférence Diplomatique du Mètre, avec les représentants
de 20 Pays.
20 mai 1875 : A l'issue de cette Conférence, signature de la première
Convention du Mètre et acte de naissance du Comité International
des Poids et Mesures (CIPM) (D1-A98) et du Bureau International des Poids
et Mesures (BIPM).
1876 : Mise à disposition du CIPM du Pavillon de Breteuil, à
Sèvres, construit en 1743, et des terrains attenants. Aménagements
et construction de nouveaux laboratoires jusqu'en 1878 (D1-A96).
1889 : Nouvelle coulée de platine iridié pour remplacer
celle de 1874. Dans celle-ci est pris le Mètre étalon international
qui sera conservé au Pavillon de Breteuil (D1-A100). C'est un Mètre
à traits de profil en" X" afin d'économiser le
métal, mais surtout pour le rendre plus rigide lors de flexions
éventuelles. Dans ce même alliage sont construits 30 Mètres
et 40 Kilogrammes prototypes qui seront conservés et mesurés.
Le Mètre international est déposé au Pavillon de
Breteuil en septembre 1889. Le Kilogramme étalon, construit avec
le même alliage y est également déposé en décembre
1889.
11 juillet 1903 : Une loi substitue ces étalons aux anciens.


7.
Les dernières définitions du Mètre
On n'entrera pas trop dans le détail des progrès scientifiques
et technologiques qui ont contribué à ces nouvelles définitions,
en particulier la meilleure connaissance des propriétés
ondulatoires des atomes et des molécules d'une part et la maîtrise
de l'unité de temps dont il sera fait état dans un autre
chapitre d'autre part.
On se limitera donc aux évènements ci-après :
1960 : Seconde définition du Mètre.
Elle est proclamée lors de la 11ème Conférence Internationale
des Poids et Mesures.Elle se réfère à une source
lumineuse de fréquence, et donc à une longueur d'onde, très
précise. Le Mètre étalon est alors défini
comme :
"La longueur égale à 1 650 763,73 longueurs d'onde,
dans le vide, de la radiation correspondant à la transition entre
les niveaux 2p10 et 5d5 de l'atome de Krypton 86" (D1-A102 et A105).
Pour cela,
il avait été nécessaire de créer une nouvelle
unité de longueur : l'Angström avec 1 Angström = 10-10
mètre.
Cette Conférence créa le Système International d'Unités
(SI) et définit, entre autres, les unités de base (Système
KSA) c'est à dire le Kilogramme, la Seconde, et l'Ampère)
:
- et d'autres unités telles que : le Kelvin, le Mole, la Candela,
- les unités dérivées telles que, par exemple : le
Mètre par Seconde, le Volt, etc,
- les unités complémentaires telles que : le Radian, le
Stéradian, etc.
1967 : Evolution vers la troisième définition du Mètre
en définissant la Seconde comme unité de temps, lors de
la Conférence Générale des Poids et Mesures.
En effet, après avoir été une fraction de jour, puis
en 1956 une fraction de l'année tropique, l'unité de temps,
la Seconde, devient :
"La durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation
correspondant à une transition de l'atome de Césium 133"
(D1 p.37-38 et D1-B47).
1969 : Création du Bureau National de Métrologie (BNM).
A la suite de la découverte des lasers et des améliorations
technologiques permettant de stabiliser leur fréquence, la relation
: L x F = C, avec "C" = vitesse de la lumière dans le
vide, permettait une détermination de celle-ci à partir
des mesures précises de "L" = longueur d'onde et "F"
= fréquence de la radiation choisie.
La confirmation de l'invariance de la vitesse de la lumière "C"
dans le vide permettait donc d'envisager une nouvelle définition
du Mètre (D1-p.48-48).
1975 : La 15ème Conférence Générale des Poids
et Mesures recommandait d'adopter comme constante la vitesse de la lumière
dans le vide avec pour valeur C = 299 792 458 m/s.
1978 : Expérience de Brillet et Hall confirmant cette propriété
et les premières expériences de Michelson en 1887.
20 octobre 1983 : La 17ème Conférence Générale
des Poids et Mesures adoptait, à la suite des précédentes
définitions, la troisième définition du Mètre
(D1-p.57-58) :
" C'est la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière
pendant une durée de 1/299 792 458 seconde".


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